samedi 20 juillet 2024

Diligent

 

" Celui qui lit toujours ne sera jamais lu. "

Jean-Joseph Jacotot 



Sans savoir si cela est cause de ses souffrances ou de son salut, il s’interroge tout en obéissant pendant que… en son cœur, son roi, il le voyait, laissait une petite place à la méfiance…
- Monseigneur, j'ai fait diligence et voici sur ce couvert les délicates substances que vous m'avez commandé.
- Vous-même, vous êtes-vous couvert pour cette fois-ci? Auriez vous omis de porter ce tapis rouge sous lequel vous êtes censé avancer? Il me semble que votre voix cristalline n'est guère transformée par le filtre du voile et qu'ainsi je puis déduire que vous pourriez ne pas l'être.
- Mon Roi Bienaimé, je vous prie d'être indulgent, croyez-vous qu'il soit pratique de se déplacer rampant sous la couverture sans cesse en proie à l'inquiétude de se prendre les pieds et de vous faire le déshonneur de m'étaler médiocrement devant vous comme il m'est arrivé tout-à-l'heure. Mais soyez rassuré, autant que je le puis, je cache à mon regard ce qui ne doit point se voir.
- Ne relâchez pas votre effort, venez avec prudence, sans désir d’émancipation, soyez suffisamment intelligent pour ne pas l’être… et surtout sans un regard… me livrer ce que nous attendons.
- Il en sera fait selon votre volonté...
- Monsieur, arrêtez-vous, j'apprends à l'instant que vous seriez un fieffé coquin. Il me semble que j'avais fortement manifesté la haine de vous savoir décoiffé et le désir que vous soyez coiffé de ce couvre-chef… délirant… peut-être, tintinnabulant, sûrement! Et c’est là sa fonction!
- Vous avez raison, Monseigneur, et pourtant vous avez tort.
- Quelle est cette nouvelle embrouille ? Est-ce là un nouveau jeu de mots auquel je n'entends rien?
- Non Monseigneur, cela y ressemble mais cela n'est point.
- Expliquez-vous et prenez garde que ce ne soit votre dernier râle!
- Je suis simplement décoiffé, Monseigneur. J'ai depuis si longtemps le devoir de vous obéir et ainsi porter cette coiffe qui, maintenant, vous dérange de ne pas vous déranger, ainsi ma chevelure s'y est adaptée. J'ai beau faire l'effort de lui faire violence elle n'obéit pas et retrouve en peu de temps la forme à laquelle nous l'y avons contraint. Et pour ma part je ne suis même pas débarrassé des clochettes
Au moindre de mes mouvement elles se mettent à tinter dans les espaces secrets de mes boyaux, ce qui va me rendre fou et fait que je ne trouve guère le repos.


Aucun commentaire: