samedi 2 septembre 2017

Cela m'est venu

– Cher Auguste Perroquet, voulez-vous entendre cette histoire?
– Autant que je le puis...


– "Il y avait une fois, dans Bagdad, un calife et son vizir. Un jour, le vizir arriva devant le calife, pâle et tremblant. «Pardonne mon épouvante, Lumière des croyants, mais devant le palais une femme m'a heurté dans la foule. Je me suis retourné: et cette femme au teint pâle, aux cheveux sombres, à la gorge voilée par une écharpe rouge, était la mort. En me voyant, elle a fait un geste vers moi [...]. Puisque la mort me cherche ici, Seigneur, permet-moi de fuir me cacher loin d'ici à Samarcande. En me hâtant, j'y serai avant ce soir.» Sur quoi, il s'éloigna au grand galop de son cheval et disparut dans un nuage de poussière. Le calife sortit alors de son palais et lui aussi rencontra la mort: « Pourquoi avoir effrayé mon vizir, qui est jeune et bien portant?» demanda-t'il. Et la mort lui répondit: «Je n'ai pas voulu l'effrayer mais, en le voyant dans Bagdad, j'ai eu un geste de surprise, car je l'attend ce soir à Samarcande...»*

 – C'est une bien triste histoire...à propos de laquelle il subsiste en mon esprit  bien des questions...
– Il est des questionnements qui fâchent, se dit en entier et à voix haute Platon le Perroquet.
– Auriez-vous changé de nom sans me l'avoir dit et cela aurait-il un lien avec l'histoire que vous venez de me conter?
– J’espérais vous le faire comprendre par la bande, mon cher Justin.
– Puis-je vous demander, avec tout le respect que je vous dois, pourquoi avez-vous décidé cela?
– Cela m'est venu...
– Comment?
– Comment? Je ne le sais: c'est venu.
– Qu'est-ce qui a déclenché cela?
– Précisément ce dont je vous parle aujourd'hui...
– Je ne suis pas sûr de comprendre.
– Alors peut-être comprendrez-vous lorsque j'aurai développé mon propos.
– Développez, développez mon cher Augu... Platon? C'est cela?
– C'est cela... 
Alors?
– Alors le sujet est des plus délicat...
– Commencez, nous verrons ensuite...
– Ne pourrions-nous pas aller au-delà des ces questions qui véhiculent tant de clichés et ainsi dépasser certains mythes?
– Tout cela est bien vague. Lesquels, je vous prie?
– Pourquoi penser que ceux que, au mieux, l'on dit surdoué, au pire intello, seraient omniscient?
– Et pourquoi devrions-nous parler de cela?
– Parce que je vous le demande...
– Je vois... enfin, je commence à peine à distinguer...

– Pourquoi devraient-ils être content de leur sort? Ce sort que pour un grand nombre la société leur jette en pâture. On pense aussi qu'avec le temps, l'adulte aura surmonté ses problèmes: Cela lui passera... Certes pour l'enfant, on peut voir, constater si on s'en donne la peine, que ce n'est pas toujours facile, mais en grandissant avec les capacités qu'il a, les choses s'arrangeront...
Se rendent-ils comptes que ce n'est pas possible? En tout cas pour certains... et ils sont beaucoup.
– Les gens dont vous parlez, et j'imagine que vous faites allusion à Platon l'Ancien, votre maître, savent-ils qui ils sont?
– Vous faites erreurs sur deux points... 

 

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