vendredi 8 septembre 2017

L'ordre auquel vous ne pouvez échapper


 "On entendit sortir de l'écouteur une grésillement tel que K. n'en avait jamais perçu au téléphone. On eût dit le bourdonnement d'une infinité de voix enfantines, mais ce n'était pas un vrai bourdonnement, c'était le chant de voix lointaines, de voix extrêmement lointaines, on eût dit que ces milliers de voix s'unissaient d'impossible façon pour former une seule voix, aiguë mais forte, et qui frappait le tympan comme si elle eut demandé à pénétrer quelque chose de plus profond qu'une pauvre oreille." *




 « Et ma vie s'envole plus vite que la parole. »


 – Prêtez l'oreille, cher Justin... elle vous le rendra au centuple... 

– Rien n'est moins sûr...

– L'ordre auquel vous ne pouvez échapper devient très vite l'ordre duquel vous ne pourrez plus vous échapper... jusqu’au jour où l'ordre ne pouvant s'échapper de lui-même sera retourné à son état primordial, lequel à son tour deviendra..: chassez le naturel et...

– Il me semble, cher Platon Perroquet, mon frère en quelque sorte, si je puis dire, il nous semble que...

– Quel est ce nous si discret qui me trouble? D'où vient-il?

– Cela a dû m'échapper... 



Platon l'Ancien, près des deux tours... découvre... ce qui ne peut manifestement pas être un état de nature...
Depuis qu'il a cessé de grandir, il est à la recherche de ce qui pourrait être ce lieu profond «où se tient le conseil du cœur»:

– S'il est vrai, selon ce que dit la scolastique, reprit par la "vox populi", que la nature répugnerait à l'absence de matière... Alors il serait tout de même intéressant de se demander: 
Où donc se décide ce qui est vrai, faux, ou de ce qui est pris comme tel? Se pourrait-il, pure hypothèse, qu'il n'y ait, malgré la scolastique et ses doctes héritiers, aucune vérité et que seule compte une forme d'engagement, de réflexion... sous forme de pensée... ou... Et que tout cela formerait et tiendrait lieu de pacte avec l’insaisissable.., cet amas de pensées, de sons, de sensations  et d'images que charrie, à son tour, ce que l'on nomme "imaginaire"... sans qui nous serions, peut-être, rien...



* Le château, Franz Kafka



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