mercredi 13 septembre 2017

Pour mieux les arpenter



 – Il me semble tout de même Cher Platon, que vous ne cessez de vous acharner sur ce pauvre homme...

– Je ne peux m'acharner sur qui que ce soit, mon ami, mon frère, à priori, je ne suis qu'un perroquet qui ne fait que répéter ce que l'on me dit...

– L'excuse est un peu facile, je vous le dit sans que j'aie à répéter ce que dit qui que ce soit!

– Auriez-vous, vous aussi, l'impression de gagner quelque part de liberté... vous m'étonnez...

– De qui vouliez-vous parler à propos de "pauvre homme"?

– Eh bien voyons... de mon maître... et de son second... le Cap'tain... mais vous le savez fort bien, Cher Platon, perroquet.

– Tout ce qui pressé entre les mains, sortent d'entre les pages, entre les lignes, entre les mots, entre les lettres, se libère au moindre courant d'air comme au moindre des courants d'idée. Il y a ces lieux où l'on aimerait se faire enfermer la nuit pour mieux les arpenter jusqu'à ce qu'à leur tour nous devenions entre leurs mains, tout ce que nous croyions voir au dehors de nous-même. Alors seulement nous commencerions de voir un peu de ce que nous sommes... C'est cela, pour répondre à votre question, Cher Justin, que mon maître a tenté de me faire apprendre... Pour parler plus clairement, si j'ai bien compris ce qu'il tente de me dire, j'ai l'impression qu'il voit en la personne du capitaine et du commandeur l'exemple à ne pas suivre...

– Vous recommencez à vous acharner!..

– Laissez-moi finir! Je disais que j'avais l'impression que le danger ne venait pas seulement de leur attitude et de leurs discours ou de leurs actes, ils sont assez grands pour devoir les assumer, mais du fait que nous pourrions avoir les mêmes. Là se trouverait le vrai danger...  

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