samedi 9 septembre 2017

Paroles de perroquets

"La plupart des discussions humaines, peut-on spéculer, exigent de nous un choix non pas entre des arguments qui procèdent d'observations empiriques sur le monde mais entre des séries antagonistes de pures suppositions."*


– Cher Platon Perroquet, maître en ses états, puis-je vous adresser une question?
– Je vous en prie, point de chichi entre nous. Posez votre question et si je puis vous éclairer en m'éclairant moi-même je ne trouverai rien à redire...
– Tout est-il dit quand nous commençons de parler... et même avant cela?
– Pourquoi le supposez-vous?
– Eh bien, puisque nous ne sommes censé que répéter... pour que nous puissions le faire il faut que nous ayons entendu et donc que la chose fut déjà dite...
– Vous avez raison... c'est un fait difficilement contestable. Mais de plus, et c'est ce qui me fait sourire,  cela ressemble furieusement à ce qui se passe lorsque les hommes lisent...
– Comment cela?




– Pour qu'un texte puisse être lu il faut d'abord qu'il soit écrit. Vous êtes d'accord avec moi?
– Comment ne pas l'être? C'est l'évidence même.
– Ainsi le lecteur répète ce qui est écrit... mais avant cela, il faut remonter encore un peu dans le temps et constater qu'avant d'être écrite la parole se dit... ou est dite...
– Tout est dans la voix, mon cher Justin, tout est dans la voix..! Je vous le répète!









* À la lumière de ce que nous savons, Zia Haider Rahman, p. 173



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