mardi 24 novembre 2015

24 novembre (105) Un semblant de dialogue

Épisode 105
  
"...le monde est une entité mystérieuse dont nous ne parvenons à comprendre quelques parts que dans la condition d'en éliminer les autres... "
Walid Neill
Correspondances & dépendances
 
"...Mais qu'un beau jour une porte claque et c'est toute la maison qui s'écroule."*


Au cœur des ruines d'une ville qu'il ne connaît pas, Don Penúl, après tant d'autres, en fait le triste constat : après une plus ou moins longue déconstruction, le monde se rit de sa propre disparition et se réjouit de se reproduire en une forme accoutumée.

 – C'est ce qui arrive en permanence sans que cela ne puisse se voir. Les portes, les maisons et des histoires écroulées jonchent le sol sur lesquels nous tentons, en vain pour ce qui me concerne, de les oublier.

Don Penúl
 – Nous ne sommes guère plus que ces petits pantins d'écumes qui sans cesse se jette à l'assaut des digues que nous contribuons tous à édifier.

 Curieusement, le jeune homme a perdu son accent et les manières et les tournure dérangeantes pour Don Penúl
– Attendez, ce n'est pas des manières. Le plus violent des deux n'est pas toujours celui que l'on croit. Regardez-vous! Croyez-vous que vous soyez plus présentable que moi? L'endroit où vous dormiez n'existe plus. Personne, sauf moi, n'a fait attention à vous. Innombrables sont ceux qui gisent dans les fondations de la ville nouvelle. Sans moi il se pourrait qu'à cet instant vous ne soyez vous-même une part de cette poussière dans les gravats d'un monde écroulé sous les pelleteuses... et vous me rejetez avec une violence d'autant plus grande qu'elle ne semble pas être vôtre. Et puis vous ne savez même pas où aller !

Don Penúl, après s'être un peu calmé
 – Je ne suis pas sûr que tu en saches beaucoup plus que moi, compagnon de poussière...
Dis-moi, quel est ton nom ?

Enfin un semblant de dialogue émerge. 

* David Van Reybrouck, Le Fléau 

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