dimanche 5 mars 2017

Indifférence

Sur les tréteaux d'un théâtre utopique, dans le même décor, se déroulent deux scènes différentes. Le spectateur attentif passe de l'une à l'autre...Sans aucune méfiance envers cette oscillation permanente, qu'il ne comprend pas, mais avec un plaisir évident, une sorte d’extase à laquelle il ne peut échapper, Platon, lui aussi spectateur, entretient avec lui-même un dialogue dont il ne sait qui en est l'auteur. S'il n'est point de pâmoison ni d'ardeur qui ne soit visible, celle de Platon ne se voit pas. Une sorte d'indifférence qui fait que ce qu'il ressent s'intègre parfaitement au mouvement qui le porte, mais qui, il le sait, si peu que ce soit, dépend en partie de lui.


Une voix, tantôt venant d'en haut, tantôt venant d'en bas, monte vers Platon.
Celle de Damon, sûrement, se dit-il.
– Pourriez-vous me dire ce qu'est cette inlassable oscillation dont vous parlez?
– Oui je sais ce que c'est, mais, pas plus que d'autres avant moi, je ne saurai l'expliquer...
– Serait-ce là ce que vous appelez un mystère... ou peut-être un secret?
– Cela se pourrait... mais ils se pourrait aussi que ce mystère n'en soit un que par le fait qu'il ne puisse être expliqué sans que nous ayons à nous éloigner de lui, à sortir de lui en quelque sorte... Or, il me semble que cela soit impossible... En tous cas, ce n'est point un secret... et comme le dirait Bergson:
"le possible n’est pas déjà donné, mais il se constitue a posteriori lors du processus de son actualisation."
– C'est peu dire que je ne vous suis pas...


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