mardi 21 mars 2017

21 mars 2017

« Je me demande soudain quel besoin j'ai de raconter tout ça, mais si l'on commence à se demander pourquoi l'on fait ce que l'on fait, pourquoi, par exemple, on accepte une invitation à dîner (un pigeon vient de passer, et un moineau aussi, je crois) ou pourquoi, quand on vous a raconté une bonne histoire, on ressent comme un chatouillement à l'estomac qui vous pousse dans le bureau d'à côté pour raconter au voisin ; ça soulage aussitôt, on est satisfait et on peut retourner à son travail.»*


– Le presque parfait conditionnement dans lequel chacun de nous est enfermé dès le départ n'est pas toujours une excuse suffisante pour justifier ce qui dès le départ eut dû être identifié comme malsain.

– C'est le minimum qui doit se dire, se dit  Platon.

Et il ajoute:

– Même pour des hommes lents comme moi...



Et cette pensée immédiate lui fit prendre conscience de la prochaine imposture. Celle qui, à peine présente est déjà passé, venait de prendre possession de lui...  D'où était venue cette pensée selon laquelle il serait lent...
Il ne lui avait fallu que deux ou trois secondes, le temps qu'il s'était accordé entre deux coups de pelles, pour que se précipite dans son esprit une de ces pensées qu'il repoussait en creusant...
Il va presque sans dire que, à l'instar de Victor-Hugues, son lointain parent, en dépit de tous les avertissements des doctes et des savants, il en appelle à sa propre et lacunaire connaissance et ce faisant, il prend des risques qu’il ne mesure pas. Ou mal.


* Les armes secrètes (Les fils de la vierge), Julio Cortázar







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