"Suis ton plan, cher Lucilius ; reprends possession de toi-même : le
temps qui jusqu’ici t’était ravi, ou dérobé, ou que lu laissais perdre,
recueille et ménage-le. Persuade-toi que la chose a lieu comme je te
l’écris : il est des heures qu’on nous enlève par force, d’autres par
surprise, d’autres coulent de nos mains.
Or la plus honteuse perte est celle qui vient de négligence ; et, si tu
y prends garde, la plus grande part de la vie se passe à mal faire, une
grande à ne rien faire, le tout à faire autre chose que ce qu’on
devrait. Montre-moi un homme qui mette au temps le moindre prix, qui
sache ce que vaut un jour, qui comprenne que chaque jour il meurt en
détail ! Car c’est notre erreur de ne voir la mort que devant nous : en
grande partie déjà on l’a laissée derrière; tout l’espace franchi est à
elle."*
Platon joue avec cette petite fumée qui prend forme entre ses mains et qui réagit au moindre des mots qu'il lui souffle.
– Les idées se donnent à ceux qui jouent... Il est des heures qu'on nous enlève par force, d'autres par surprise*, mais il en est d'autres que l'on gagne par le jeu...
* Lettres à Lucilius, Sénèque
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