samedi 17 mars 2018

L'ordre inexorable


« J’avais imaginé naguère commenté l'opposition contemporaine des icônes du voici et et des étalages du voilà, en soulignant que les mêmes objets ou assemblage pouvaient passer indifféremment  d'une logique d’exposition à l’autre. À la lumière de la complémentarité "godardienne" de l’icône  et du montage, ces deux poétiques de l’image nous apparaissent comme les deux formes d’une même tendance fondamentale. Les séries photographiques, les moniteurs ou projections vidéo, les installations d'objets familiers ou étranges qui occupent l'espace de nos musées et galeries cherche moins aujourd'hui à susciter le sentiment d'un écart  entre deux ordres -entre les apparences quotidiennes et les lois de la domination-qu'à aviver une sensibilité nouvelle aux signes et aux traces qui témoignent d'une histoire et d'un monde communs. Il arrive que des formes d'art se déclarent explicitement à ce titre qu'elles invoquent la "perte de monde" ou la défection du "lien social" pour donner aux assemblages et performances de l'art la tâche de recréer des lien sociaux ou un sens de monde. Le rabattement de la grande parataxe sur l'état ordinaire des choses porte alors la phrase-image vers son degré Zéro: la petit phrase qui crée du lien ou invite au lien. Mais en dehors même de ces formes déclarées, et sous le cou vert de légitimations encore empruntées à la doxa critique, les formes contemporaines de l'art se vouent de plus en plus à l'inventaire unanimiste des traces de communauté ou à une nouvelle figuration symboliste des puissances de la parole et du visible ou des geste archétypaux et des grands cycles de la vie humaine Le paradoxe des Histoire(s) du cinéma ne se situerait  donc pas là où il semblait d'abord: dans la conjonction d'une poétique anti-textuelle de l'icône et d'un poétique du montage qui fait de ces icônes les éléments  indéfiniment combinables et échangeable d'un discours.»

Le destin des images, Jacques Rancière, La fabrique éditions 






– Rien ne peut lutter contre l'inexorable ordre qui préside au temps des hommes. Cet ordre ne tient qu'à une chose, la foi profonde qu'ils ont en la raison... qu'ils ont créée à l'image de ce qu'ils voudraient être.

Quand l'histoire, la grande, celle des hommes puissants, procède à des montages, de ceux qui font les icônes, les éléments  indéfiniment combinables du pouvoir se mettent en place et trouve là une forme de légitimité difficile à expurger.

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