mercredi 28 mars 2018

Guère plus qu'une pensée








Il est des choix difficiles. 
L'homme normal et le fou ne se connaissent pas. Ils ne le peuvent pas et n'ont rien à voir ensemble. Rien dans l'un ne se rappelle dans l'autre. Si l'un des deux se met à voir l'autre, c'est qu'il l'est devenu. Au moment de l'action, l'enfant Lune ne s'en préoccupe guère:

– Cela se faisait tout seul, racontera-t'il. Sans jamais que je n'eusse à réfléchir...
S'il parle au passé, c'est parce que de là où il raconte, il ne peut s'agir que du passé. Dans le passé l'enfant Lune ne parle pas. Pour lui, ce qui n’était pas prévisible c'est qu'au moment de raconter, en revivant l'action dans sa mémoire, le choix ne lui parait plus aussi évident qu'alors et il avait l'impression que le récit pouvait à tout moment changer d'orientation. Comme si l'histoire, loin de se répéter, au contraire, suivait son cours. Un cours sur lequel, il n'influait presque pas. Tout se passe comme si nous n'étions guère plus qu'une pensée, tout au plus une mise en œuvre.

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