mardi 6 mars 2018

Le vaste murmure du ciel





L'enfant Lune aimait le vaste murmure du ciel. Il y entendait tout ce qui nous traverse et auquel nous ne prêtons guère d'attention, avec l'entier de son corps, sans que pour cela il ne laissa la moindre pensée en interférer le sens. Comme la main se pose sur le sol et comprend les vibrations du galop d'un cheval ou le roulement d'un rocher qui dégringole de la montagne, il était tout entier à l'écoute. Bien après, à sa guise, il laissait le monde de ses pensées, un de plus, prendre le relais. Alors, tout prenait un sens nouveau, un sens qu'il pouvait manœuvrer selon son bon plaisir.

– Rien n'est plus malléable qu'une pensée... se disait-il. Il suffit de bien peu de chose pour qu'elle devienne ce que l'on veut qu'elle devienne...

À ces mots, il frémissait:

– Que serais-je vraiment si, pour mon plus malheur, il s'avérait que je ne sois rien de plus qu'une lointaine pensée émergeant dans le cerveau d'un autre... ou même... le mien!

Curieusement, cette sorte de pensée ressemblait à celles qui naissaient, dans le même temps et sans qu'ils le sachent, dans la tête de Pinocchio. C'est ainsi que la frontière qui unissait les deux êtres commençait de s’effacer.

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