jeudi 8 mars 2018

D'un air entendu




Bien qu'ils ne le sachent ni l'un ni l'autre, les uns et les autres franchissaient allégrement la frontière entre les deux mondes. Il eut fallu, pour qu'ils s'en rendent comptes, s'en éloigner suffisamment. Or, cela n'était pas possible...

– Pourquoi cela? demandait le perroquet.

– C'est ainsi, répondait le corbeau.

– Mais de quoi parlez-vous, demandait à son tour Pinocchio, l'Autre.

– Cela ne vous concerne pas vraiment, répondaient en chœur les deux oiseaux.

– Pourquoi donc? insistait Pinocchio.

Cela mettait légèrement dans l’embarras les deux oiseaux qui, du coup, oubliant leurs différences et leurs différents, s'étaient rapprochés momentanément l'un de l'autre.
Puis, subitement, réveillant leurs différents, le perroquet, pris d'une impulsion subite provoquée par l'apparition non moins subite, d'un souvenir, venu d'on ne sait où:

– Parce que ce passage, d'un monde à l'autre, se fait malgré nous... sans que nous le sachions vraiment...

Curieusement, la marionnette compris immédiatement le sens de cette phrase.

– Il est vrai qu'il n'est pas toujours nécessaire de faire appel au savoir pour que nous fassions le juste mouvement. Il suffit de se laisser aller et cela se fait...

– Naturellement chacun aura compris que votre position et surtout votre nature de "marionnette" permet largement cet état de fait. D'autant plus qu'il ne peut en être autrement... ajouta le perroquet en souriant d'un air entendu.



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