jeudi 6 décembre 2018

(6) Addition salée


" Quand une domination approche de son point de renversement, ce sont toutes les institutions du régime, et notamment celles du gardiennage symbolique, qui se raidissent dans une incompréhension profonde de l’événement —l’ordre n’était-il pas le meilleur possible?—, doublée d’un regain de hargne, mais aussi d’un commencement de panique quand la haine dont elles font l’objet éclate au grand jour et se découvre d’un coup à leurs yeux. Ceci d’autant plus que, comme il a été noté, la singularité de ce mouvement tient à ce qu’il porte désormais l’incendie là où il n’avait jamais été, et là où il doit être: chez les riches. Et sans doute bientôt, chez leurs collaborateurs.
On lit que la directrice de BFM est restée interloquée d’entendre scander «BFM enculés» sur les Champs, et que le président de la société des journalistes a découvert, dans le même état, que «cela ne vient pas de militants mais de gens du quotidien». Les pouvoirs de ce genre, ceux de la tyrannie des possédants et de leurs laquais, finissent toujours ainsi, dans la sidération et l’hébétude: «ils nous détestent donc tant que ça». La réponse est oui, et pour les meilleures raisons du monde. Elle est aussi qu’après toutes ces décennies, le moment est venu de passer à la caisse et, disons-le leur dès maintenant, l’addition s’annonce salée. Car il y a trop d’arriérés et depuis trop longtemps."
Frédéric Lordon, Le Monde diplomatique, 5 décembre 2018 



 
Quatre-cents-trente-et-unième rapport de Don Carotte
Extrait du Grand Cahier Bleu


C'est ainsi que le jour-même j'écrivais dans mon journal ce que je fais suivre dans ce rapport. 
“Le jour qui suivi, je reçus une lettre. Elle m’était envoyée par un certain M. Cornuz. Je ne connaissais qu’un vieux bouc bourru, Grand Surveillant en ses grades et qualités, nommé ainsi pour de très obscures raisons. Il m’étonnait, pour de bien autres raisons, que celui-ci fut capable d’écrire une lettre ou quoique ce soit
d’autre... Ce qui n'enlève rien à ses mérites autoritaires, connus et appréciés...”








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