« Rien dans ses antécédents ne semble le désigner pour un rôle de premier plan dans la « régénération » tant attendue du royaume. C'est l'événement qui va le révéler à lui-même, en même temps que, dans l'autre sens, il va saisir les ressorts profonds de l'événement mieux que quiconque, s'en faire le porte-parole et le révéler en quelque façon à ses acteurs. S'il y avait quelque chose à chercher dans ses antécédents, plutôt que d'improbables motivations psychologiques liées à la carence affective ou au ressentiment social, ce seraient les racines de cette disposition à l'impersonnalité, à l'abstraction de soi-même qui lui a permis de s'identifier sans retour à la cause révolutionnaire. Plus d'un des traits que les biographes s'accordent à relever convergeraient en ce sens : une profonde solitude morale, le sentiment d'un destin à part, une indifférence à l'existence quotidienne confinant à l'ascèse, l'absence d'implication affective chez ce chaste célibataire appréciant la compagnie des femmes sans en avoir l'usage, mais ne cultivant pas davantage l'amitié. Autant de caractéristiques qui le disposaient à se faire l'homme d'une cause exclusive, à prendre sur lui la chose publique, jusqu'au sacrifice.»
Marcel Gauchet, Robespierre, Gallimard
Quatre-cents-dix-huitième rapport de Don Carotte
Extrait du Grand Cahier Bleu
À l'époque, dans la position où nous étions, on eut pu croire l'enfant Lune balloté par le flot ininterrompu de l'angoisse et de ses acteurs. Il n'en était rien. Ballotté, certes, angoissé certes non. Ce qui, dans la nuit, se voit, n'est guère différent de nature de ce qui existe dans le jour. Pour ce qui est différent, c'est l'éclairage qui agit...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire