lundi 28 octobre 2019

(28) Mécanisme endormi


« (...) Mais la lumière, justement, commencerait à fléchir, à cette heure-là. La lumière ne serait plus un bloc sans fissures, un parallélépipède rayonnant. À cette heure-là, elle commencerait à se dissoudre, par endroits, à fondre, sur certains pans de mur, sur un tronc d’arbre, sur des feuilles d’un vert subitement plus tendre, plus humide, comme si ce léger frémissement indéchiffrable annonçait la brusque et prochaine marée de l’ombre surgir des entrailles meubles de la terre, comme si cette faible haleine, à peine mauve, irisant l’édifice implacable de la lumière –qu’on aurait pu croire être éternel  quelques secondes auparavant– n’était qu’un signe signe avant-coureur de la profonde respiration nocturne, désormais prévisible, et (...)»

Georges Semprun, La deuxième mort de Ramon Mercader



Extrait du journal de Candide

La perte de l’image, par la négation, lorsque on ferme les yeux, par exemple, peut nous faire accéder à l’image par ce mécanisme étrange que l’on nomme précisément imagination... Il est des situations où l’on ne voit rien et l’on ne peut s’empêcher d’imaginer comment sont les choses autour de nous. Alors se mettent en branle certains mécanismes qui dans les circonstances normales de la vie sont plus ou moins largement endormis.


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