mardi 21 mai 2019

(21) Invisible mais constant



– Bref pour en revenir à l'écriture de cet enfant Lune dont vous parlait votre maître, on peut sans grand risque dire, avec simplicité, qu'elle endormait votre maître!
– Vous faites erreur. Ce dont il était sûr, c'était que l’oscillation entre le visible et le caché, bien qu’elle ne puisse être clairement identifiée fait plutôt partie du caché...
– Ça, pour être caché... c'est bien caché... inaudible, invisible, on y comprend que dalle...
– Elle peut être ressentie par quiconque met en œuvre son attention. L’attention de l’enfant Lune, contrairement à ce qu’il donne à voir est entière. Il ressent tout... y compris ce qui est impensable et d’ailleurs, le plus souvent, impensé. L’enfant ne pense pas, il déchiffre, émet des hypothèses que l’intuition lui propose et concilie le plus qu’il peut.
– Et tout cela prend place dans les pauvres mots d'un enfant qui ne parle même pas! D'ailleurs... on se demande s'il sait parler...
– C'est une erreur grossière démentie par le fait qu'il sait écrire...
– Et alors?
– Le fait d'écrire, au départ du moins, est probablement une simple transcription du langage parlé...
– Vous prenez heureusement des précautions dans votre affirmation... 
D'ailleurs, ne vous déplaise, l'écriture, pendant l'acte d'écrire, se dit et ce qui se lit est parlé... une ou plusieurs voix émergent...
– Les célèbres voix cachées dans les livres...
– C'est cela. L'enfant Lune entend des voix... auxquelles, sans cesse il s’adapte sans jamais s’habituer.
– Moi non plus...
– Je dirais plutôt l'inverse... mais pour en revenir à l'enfant Lune, tout cela serait sans problème pour lui s’il ne devait en permanence interagir socialement...
– Si peu.
– Si peu que cela puisse paraître... En réalité c’est un frottement invisible mais constant... qu’il réussi parfaitement à mettre une œuvre dans son écriture…



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