« Aussi différentes qu'elles soient par leur forme, leur style et leur visée, la question kantienne et celle des Idéologues ont le même point d'application: le rapport des représentations entre elles. Mais ce rapport —ce qui le fonde et le justifie—, Kant ne le requiert pas au niveau de la représentation, même atténuée en son contenu jusqu'à n'être plus, aux confins de la passivité et de la conscience, que pure et simple sensation; il l'interroge dans la direction de ce qui le rend possible dans sa généralité. Au lieu de fonder le lien entre les représentations par une sorte de creusement interne qui l'évide peu à peu jusqu à la pure impression, il l'établit sur les conditions qui en définissent la forme universellement valable. En dirigeant ainsi sa question, Kant contourne la représentation et ce qui est donné en elle, pour s'adresser à cela même à partir de quoi toute représentation, quelle qu'elle soit, peut être donnée. Ce ne sont donc pas les représentations elles-mêmes, selon les lois d'un jeu leur appartenant en propre, qui pourraient se déployer à partir de soi et d'un seul mouvement se décomposer (par l'analyse) et se recomposer (par la synthèse): seuls des jugements d'expérience ou des constatations empiriques peuvent se fonder sur les contenus de la représentation. Toute autre liaison, si elle doit être universelle, doit se fonder au-delà de toute expérience, dans l'a priori qui la rend possible. Non qu'il s'agisse d'un autre monde, mais des conditions sous lesquelles peut exister toute représentation du monde en général.»
– Toute question, au moins dans sa naïve et intransigeante immédiateté, ne mérite point réponse…
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