jeudi 29 août 2024

Olympe

 


« Certes, j'ai été jusqu'à un certain point honnête envers moi-même, de la seule manière possible pour un artiste: j'ai voulu tout dire sur moi-même, absolument tout. Mais l'illusion n'en a été que plus amère, car la littérature n'est pas un moyen adapté pour dire quelque chose d'un tant soit peu réel sur soi. Dès les premières lignes couchées sur le papier, il entre dans la main qui tient le stylo -comme dans un gant- une main étrangère, moqueuse, et ton image dans le miroir de la page s'éparpille de tous côtés comme du vif-argent, et voilà que de ses grains déformés apparaissent par coagulation l'Araignée, la Larve, l'Eunuque, l'Unicorne ou le Dieu, alors que tu ne voulais simplement parler, toi, que de toi. La littérature est tératologie.»


Mircea Cartărescu, La Nostalgie
Traduit du roumain par Nicolas Cavailles
P.O.L


 


 

 

La première véritable innovation à laquelle je songeais depuis longtemps et que je mis en place fut de plonger les spectateurs dans la nuit la plus profonde. Pendant ce temps, invisible et silencieux, ma tâche consistait à faire monter le Grand Fanfaron sur la partie haute du décor, que j'avais conçu et que nous surnommions: l'Olympe. Ce n’était pas un jeu d’enfant… Le Grand Fanfaron était joué par mon frère Sancho qui, devenu monstrueusement présent, y mettait plus que de l’application. Si, au début, il avait dû faire quelques efforts, très vite il fallut calmer ses ardeurs, tenter de d'alléger ses maladresses et le consoler de ses échecs. Sans résultat d’ailleurs.

 

L'irrésistible ascension et chute de Sancho,
au service de l'artifice et du merveilleux.
Lidane Liwl
Edition "Plus dure sera la chute"

 

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