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« Il n’y a pas d’Histoire universelle, mais une pluralité d’histoires particulières qui, contrairement aux visions messianiques ou marxistes relevant de l’universalisme de surplomb, ne convergent pas vers une Histoire universelle unique...»

 

Sophie Nordmann, Philosophie juive contemporaine

– Sont-ce là des comédiens, tant bien que mal récitant ce qui est écrit par avance ou quelques perdus imaginant pouvoir vivre quelque fascinante aventure dont le sens leur échappe sans que cela les affecte ni les intéresse le moins du monde

 

 

 

Le petit roi tient dans sa main un roseau. Il est méconnaissable. Le chien, toujours aussi bleu, se confond avec la nuit. Auguste, Julius, l'enfant Lune, Pinocchio l'Autre et tant d'autres voguent dans la nuit du cirque.

– Et, selon vous, qu'est-ce là?

– Le petit Roi et son compagnon ont, de bric et de broc, construit un campement. Ils ont faim et soif, l'eau est amère. Pendant que la rosée monte, ils regrettent ces jours où prisonniers et dépendants du cirque ils avaient pleine marmite et pain à volonté. Quand vient le soir ils entendent une voix qui descend du ciel, mais ne la comprennent point. 

– Avez-vous remarqué combien la cabane qu'ils construisent  ressemble au cirque qu'ils croient avoir déserté? 

– Pourquoi tient-il un roseau dans sa main?

– Ils envisagent avec témérité... ou inconscience... de traverser la mer des roseaux...

– Ils franchissent une limite!

– Comme le dit notre maître, franchir une limite… c’est les franchir toutes!