Dans la nuit

 

«Aux quelques rares, tout au moins, doués d’une suspicion assez pénétrante, d’un regard assez subtil pour ce spectacle, il semble en effet que quelque soleil vienne de décliner, que quelque vieille, profonde confiance se soit retournée en doute: à ceux-là notre vieux monde doit paraître de jour en jour plus crépusculaire, plus méfiant, plus étranger, plus vieux.»

 

Nietzsche, Le Gai savoir, §. 125, trad. Pierre Klossowski, Gallimard, 1982

 

 

– Et que devient celui que l'on fit Roi?

 

 

 

– Il poursuit sa quête... Paradoxalement, c'est difficile à expliquer, on dirait que plus il vieillit plus il devient jeune... Il grandit, et vous ne le reconnaîtriez point... pas plus qu'il ne se reconnaîtrait lui-même s'il se voyait... certes ce n'est qu'une hypothèse, mais quelque chose me dit que...

– Notre maître dit que dans ce que nous croyons être leur nuit, certains êtres voient ce que nous peinons à concevoir tant nous sommes empêtrés dans notre rationalité. Ces représentations ne sont point des images comme nous nous les représentons, ce sont des constructions qui ne s'enracinent point dans ce que nous appelons notre monde...

– Je ne vois pas comment elles pourraient être différentes... Quand je ferme les yeux, en me concentrant ou en rêvant, je vois encore des images...

– Ce que vous voyez alors montre à quel point ce que vous voyez est lié autant au  fonctionnement de votre cerveau qu'il est lié aux événements qui se passent dans le monde...