Épisode 48
Cher Joachim
Quand nous nous sommes échoués sur cet îlot que nous n'avons habité que bien peu de temps, malheureusement, nous ne doutions pas le moins du monde de ce qui se passerait. Heureusement... Aujourd'hui, je vous l'avoue, c'est là que je vis. Je crois que vous seriez surpris de voir qu'il n'est plus, et de loin, ce qu'il était. Je ne sais si c'est de mon fait ou si ce qui se trouve sous mes yeux ne peut plus être vu de la même manière. Je suis, toutes proportions gardées, presque dans la même situation que notre homme que nous fîmes Roi.
Sans Nom
– Monsieur, il faudrait que vous alliez, ou du moins que vous vous rendiez comptes, du côté désastreux de l'existence de ceux que jusqu'alors vous ignoriez. Vos sujets, en tous cas une grande partie de ceux-ci, vivent dans une situation dramatique. La plupart survivent dans l'ombre et l'insécurité permanente, sans autres moyens pour se nourrir que de voler. Par contraste, leur situation accentuent le caractère parodique de votre cour. Ils vivent dans une sorte de demi sommeil où le cauchemar est permanent. Ils déclament à voix basses pendant que vous rêvez tout éveillé. Le fait est que vous devez vous sentir bien seul au milieu de vos rêves, mais si vous acceptiez d'ouvrir les yeux vous verriez que ce qui vous ravit est ce que leur a été ravi.– Pourquoi se cachent-ils puisque de toutes manières je ne puis les voir.
– Ils ne le savent et ne s'en doutent pas.– Comment cela ?
– C'est un secret d'État.– Qui sait cela ?
– Bien peu en vérité, mais pardonnez-moi Monsieur, il me semble que ce serait le moment serait opportun pour vous, j'insiste, d'ouvrir les yeux.– Vous savez bien que cela m'est impossible, mais pourquoi serait opportun en ce moment-ci ?
– Parce que nous sommes arrivés.– Et où sommes nous arrivés ?
– Là où je voulais vous emmener.– Le voyage est-il terminé ?
– Non, il ne fait que commencer.
– Quand rentrerons-nous?
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