Dans les coulisses du théâtre, Pinocchio, l'Autre, dialogue avec un inconnu qu'il a pourtant l'impression de connaître: une sensation étrange qui l'envahit littéralement.
– Moi aussi je voudrai comprendre...
Un des fils qui le meuvent se rompt, ce qui le fait dodeliner de la tête.
– Vous sentez-vous mal?
– Non, je m'extasie...
– Vous vous extasiez, j'en suis fort aise, expliquez moi, maintenant l'objet de cette extase, si cela se peut!
– Voyez-vous, quand je regarde cette image immédiatement me vient à l'esprit une petite part de mon passé. Et cette petite part a la capacité tout-à-fait extraordinaire de faire , comment le dire?, de faire renaitre le passé... Je me vois, je me sens, je vois, je ressens le monde tel que j'étais, tel que je le ressentais vingt ans plus tôt... et plus que cela...
– Mais le monde, lui, a changé... vous le savez?
– Bien sûr que je le sais.
– Et donc ce que vous ressentez ou que vous ressentiez ne peuvent pas être les mêmes choses.
– Vous avez raison, mais ce dont il s'agit est bien plus que cela.
– Dites-moi!
– Eh bien je revis la scène...
– Vous savez bien que c'est impossible!
– Je le sais bien et pourtant c'est bien ce qui se passe ou plus c'est bien ce que je ressens.
– Mais vous savez bien que ce n'est qu'un souvenir qui revient à la surface... Ce n'est point là chose réelle!
– Comme vous y allez... Ce ne serait point chose réelle, ce ne serait pas "chose en soi" et pourtant pour vous comme pour moi ces "choses irréelles" font largement partie de notre vie et l'influencent considérablement... n'est-il point?
– Oui, mais point comme "chose en soi"...
– Comment alors?
– Comme un phénomène...
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