samedi 28 octobre 2017

"La question politique est une question esthétique, et réciproquement : la question esthétique est une question politique. J'emploie ici le terme"esthétique" dans son sens le plus vaste. Initialement, aisthésis signifie sensation, et la question esthétique est celle du sentir et de la sensibilité en général.

Je soutiens qu'il faut poser la question esthétique à nouveaux frais, et dans sa relation à la question politique, pour inviter le monde artistique à reprendre une compréhension politique de son rôle. L'abandon de la pensée politique par le monde de l'art est une catastrophe.

Je ne veux évidemment pas dire que les artistes doivent "s'engager". Je veux dire que leur travail est originairement engagé dans la question de la sensibilité de l'autre. Or la question politique est essentiellement la question de la relation à l'autre dans un sentir ensemble, une sympathie en ce sens. Le problème du politique, c'est de savoir comment être ensemble, vivre ensemble, se supporter comme ensemble à travers et depuis nos singularités (bien plus profondément encore que nos "différences") et par-delà nos conflits d'intérêts."*






– Cher Justin Perroquet, puis-je vous poser une question?

– Il va sans dire...

– Justement, non... enfin... qu'est-ce qui fait qu'en certaines circonstances nous éprouvions une certaine émotion et que dans un autre temps pour des fait à peu près similaires nous n'en éprouvions aucune?

– Une multitude de phénomènes agissent ensemble que nous aimerions voir et comprendre en imaginant qu'ils constituent une sorte d'entité qui nous soit lisible... C'est pour cela que, le plus souvent, nous lui prêtons une attention qui nous la fasse paraître à notre image comme quelqu'un se regardant dans un miroir.


* De la misère symbolique, par Bernard Stiegler LE MONDE | 10.10.2003

Aucun commentaire: