vendredi 20 octobre 2017

Incarnation et vérité





– Vous souvenez-vous, cher Nounours?
– Certainement... il fut un temps dans lequel où que nous allions nous cheminions ensemble...
– Comme vous le dites en filigrane, je sais ce que nous pouvons savoir. Mais il est un fait dont nous ne pouvons douter: de votre ventre un jour je suis sorti.
– Mais de là à en déduire que...
– Quelles seraient donc ces déductions que vous effleurez mais ne dites pas clairement?
–  Elles sont de celles qui fleurissent sur les parvis des églises...
– Mais encore?
– Justement il s'agit du corps...
– ... et de l'incarnation, je suppose...
– C'est bien de cela qu'il s'agit.
– Vous et moi savons ce que cela pourrait vouloir dire...mais...
– Mais?
– Mais, vous et moi savons aussi ce que cela ne veut pas dire...
– Il pourrait en être ainsi de toute suite...
– Ou de tout commencement...
– Comme il vous plaira...
– Ce n'est point tant de plaisir qu'il s'agit.
– De quoi s'agit-il alors?
– Il s'agit de vérité...
– Quel est donc ce silence plein de sous entendu qui a suivi le mot de vérité et qui prend si souvent, chez vous, la forme de trois petits points d'interrogation?
– Ce que l'on peut dire n'est pas ce qui se peut penser. Permettez-moi de vous dire que ce silence est presque en tous points pareil à celui qu'il vous plait d'utiliser... vous aussi. Mais pour en revenir au mot que vous souligniez, je crois que ce qu'il contient n'est certainement pas de même valeur que ce qu'il exprime...
– C'est bien mystérieux.
– Voilà qui est justement ce que je craignais de vous dire.
– Poursuivez, je vous prie.
– Il n'est de plus grand mystère que le concept de vérité...
– À tel point que certains le considèrent comme étant creux...
– Ce qui vaut mieux que de n'être "plein que de lui-même"*...


* Dialogues du film: Le souper

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