vendredi 26 octobre 2018

(26) Un travail monumental




Trois-cent-vingt-et-unième rapport de Don Carotte

Avant même que de parler nous supposons implicitement que nous connaissons la langue dont nous usons. Cela ne concerne pas seulement les mots, la syntaxe et la grammaire, mais surtout  le fait que nous allons dire quelque chose. Mais encore avant cela nous connaissons comment le dire. C’est-à-dire, sans que personne ne nous ait appris comment, dès l'origine, nous avons fait l’apprentissage de notre corps.
L'enfant Lune, comme tous les enfants, se soustrait à la représentation de la réalité. Il vit, c'est tout. Il voit certains signes que nous reconnaissons en premier lieu et qui devrait permettre paradoxalement de mieux la voir, mais à l'aide de l'imagination, il fait en sorte de leur attribuer des significations différentes... Ainsi les scènes dans lesquelles il vit, quelles qu'elles soient, sont pour lui la réalité, mais deviennent des ballets abstraits dès le moment où il essaie de les dire... C'est pourquoi les formes qu'il emploie, après s'être exprimées pour elle-même, intérieurement, doivent être traduites, d'abord dans sa tête, puis dans les mots qui tendent à restituer ce qui se passe dans sa réalité afin de pouvoir sortir et prendre place dans ce que nous nommons réalité. Inutile de dire que cela constitue un travail monumental...


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