mardi 23 octobre 2018

(23) Un poli miroitant


"S’il est vrai que photographier, c’est écrire avec la lumière. La photo serait donc, d’après l’étymologie du mot et son fonctionnement, une empreinte de la lumière puisqu’une image photographique est issue des rayonnements réfléchis ou émis (dans le cas d’une source lumineuse photographiée) par l’objet photographié. Selon cette définition, la lumière écrirait sur le support photographique comme le cachet de cire marque la cire fondue de son empreinte. En fait, il me paraît judicieux d’emprunter le conditionnel, car il faut distinguer le processus physico-chimique de fabrication d’une image (argentique ou électronique-numérique) du processus de construction de son sens. Si le premier est bien une empreinte avec toutes les réserves nécessaires, même à ce niveau du processus ; le second, s’il conserve partiellement ce caractère d’empreinte, est loin d’être simplement une trace de la réalité. C’est de cette conception de la photographie comme miroir de la réalité que réside l’une des équivoques de cette technique. Ce truchement va bien au-delà du rôle de « miroir à mémoire » que l’on attribue à la photographie depuis son invention comme le montre les premières publicité pour le daguerréotype. Inscrite dans le mot photographie lui-même, cette équivoque est renforcée par les origines du mot image quand on lui adjoint ce mot. C’est pourquoi, je parle de construction sur une équivoque sémantique. Cette équivoque, à ma connaissance existe dans toutes les langues européennes."

Hervé Bernard, Regard sur l’image !  




– Il me semble depuis un certain temps que parler n’est plus pour vous un but à atteindre.
– Que serait-ce alors?
– Une sorte d’état d’être qui n’a presque plus rien à voir avec une recherche.
– Qu’est-ce qui vous fait dire cela?
– Quand je vous observe...


– Que voyez-vous ?
– Souvent je vois que vous ne faites silence que pour être poli et...
– Et?
– Il arrive... quelque fois que cette politesse dissimule avec peine une sorte d’impatience...
– Continuez!
– Cette impatience, je ne sais trop comment l’interpréter...
– Je vous écoute.
– Il me semble dans ces moments là que parler vous est plus nécessaire que ce qui est l’objet de votre parole...
– Vous n’y allez pas par quatre chemins.
– Ce n’est pas toujours nécessaire, mais il y a mieux...
– Cela promet!
– Il me semble que, plus encore que l’objet de votre parole, c’est la relation que vous avez... comment dire... perdue...
– Quelle relation?
– Presque toutes...
– Je ne vois pas ce dont vous parlez.
– Cela me parait normal.
– Pourquoi?
– Parce que l’aveuglement vous menace.
– Après être devenu sourd, je suppose...
– Vu d’un certain angle on pourrait le dire... mais je ne le dis pas...
– Il me semble que vous voilà empêtré dans le poli miroitant de vos propres pièges!
– Là, c’est vrai, je vois que vous m’avez écouté...




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