jeudi 11 octobre 2018

(11) Savant mélange


“Je ne suis pas intéressé par la postérité qui est une forme poétique de l’éternité [...] J’aime que les choses que je fais aient cette part d’immédiateté horizontale. Je ne suis pas intéressé par un régime d’assurance pour mon travail.”
 Léonard Cohen

Trois-centième rapport de Don Carotte

Extrait de l'annexe du Petit Cahier Rouge au Cordon Noir


L'enfant-Lune, plus que jamais, joue un rôle de premier plan. C'est certain, mais personne ne peut dire lequel... Tout au plus, mes modestes capacités m'obligent à prendre note de ses discours sans chercher à comprendre... Dans cet extrait, auquel j'assistais, il semblait dialoguer avec lui-même... Le plus curieux, pour moi, est que les spectateurs semblaient parfaitement en accord avec lui. Ils étaient, de mon point de vue, comme en extase devant lui.
 
– On dit que la lumière, la terre et l'eau forment un accord parfait...
– On dit beaucoup de choses...
– Ne sont-elles point à l'origine des espèces?
– Cela se peut... mais elles forment surtout la matière de nos rêves...
– Il me semble percevoir une légère pointe de... comment dire?
– Un léger sarcasme? Non, je n'irai pas jusque là... Juste un petit retrait par rapport à votre enthousiasme.
– Les rêves, les drames et l'espoir ne font-ils point partie des éléments essentiels de cette vie?
– Vous faites un savant mélange...
– Toute chose conditionnée est vouée à se transformer ou à disparaître... Vue de l'extérieur toute lumière est perçue comme un bonheur et si l'on fait l'hypothèse que quelqu'un y vit, alors, il est plus que probable qu'il soit heureux... Vous percevez comment s'est fait le raccourci?
– L'ennui attise les rêves...
– Tout est affaire de perspective...
– Les zones reculées de nos têtes abritent une faune abondantes qui entrent en concurrence avec le monde extérieur. Il arrive bien souvent que nous ne parvenions plus à distinguer ce qui de l'un ou de l'autre en fait partie.
Croire que pendant longtemps les êtres furent de nature immaculées est une sombre ineptie. En chaque être existe un sentiment, à des degrés divers, d'une appartenance à un grand tout.
Situé en un endroit méconnu de notre corps se trouvent accumulés de façons bien étrange ce que l'on nomme la mémoire. Elle s'y développe sans que la volonté n'y soit pour grand chose. Tout juste peut-on l'influencer quelque peu... très peu...

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