samedi 13 octobre 2018

(13) Non-sens


" Dans la pensée esthétique traditionnelle japonaise, le beau ne se trouve pas dans une œuvre dissociée de l’artiste ou du spectateur, mais dans l’état d’esprit de l’artiste qui transparaît dans ses œuvres. L’esthétique japonaise traditionnelle s’enracine dans un des principaux préceptes de la pensée bouddhiste zen : le rejet de toute écriture et de tout intellectualisme, considérant que la pensée discursive dissocie l’esprit de ce que ressent le corps (Lavelle1997 : 41). Le corps, et non l’intellect, est le « réceptacle » de la connaissance, d’où une conception phénoménale du rapport de l’être au monde par laquelle les sensations du corps ont préséance sur les tergiversations de l’esprit. Dans la pensée japonaise, toute perception est unique et ne peut se répéter. Sous l’influence du zen, elle en est venue à considérer que tout intellectualisme exige que chaque perception d’une fleur, par exemple, soit la même à chaque fois, ce qui, selon la pensée japonaise, est un non-sens."

Bruno Deschênes, Espace/Intervalle, à partir de la notion japonaise de «Ma»




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