Peuple méconnu

 

 

 

Extrait du cinquième chapitre des mémoires de Pinocchio, l'Autre*

Le très méconnu peuple des ânes arboricoles n'a, jusqu'à maintenant et à ma connaissance, fait l'objet d'aucune publication. C'est donc à une "découverte" que nous vous convions aujourd'hui. Inutile de vous préciser que son approche est extrêmement difficile. Et ma rencontre avec ce merveilleux peuple, comme vous l'avez certainement déjà compris, ne fut que pur hasard. Je me promenais sans autre but que de me réjouir de la beauté du crépuscule. Je me réjouissais de revoir la verte et puissante lumière de notre luciole égarée*. Ce soir-là je ne la vis pas. Je cherchais sans succès lorsqu'un infime mouvement se fit sentir sur une branche de... Mon regard se porta sur elle. C'est là que je les découvris. Je ne vous ai pas encore dit qu'ils ne mesurent guère plus de un à deux cm. De plus leur pelage s'accorde à la lumière, un peu à la manière des caméléons, mais pour d'autres raisons. Nous y reviendrons. La sagesse de ces ânes se manifeste aussi de la manière suivante: en passant de l'enfance à l'âge adulte l'ânon rétréci. Ce qui améliore fortement ses capacités d'équilibre. N'oubliez pas qu'il vit essentiellement sur des branches d'arbustes. Milieu hostile et pour lequel il n'est pas vraiment adapté. Cela n'est pas sans conséquence sur l'évolution de cette espèce. Celle-ci, au fil des années, devient de plus en plus petite. Ce qui serait aussi, l'une des explications de son invisibilité et de sa prétendue non-existence.

* Cité dans: Dave Hill, "Du visible à l'invisible" Ou la mutation des espèces, Éditions "Être en je"