« Tout ce que je suis, c’est une chair, avec un souffle et un principe directeur. Renonce aux livres ; ne te laisse pas absorber : ce ne t’est point permis. Mais, comme un homme déjà en passe de mourir, méprise la chair : sang et poussière, petits os, tissu léger de nerfs et entrelacement de veines et d’artères. Examine aussi ce qu’est le souffle : du vent qui n’est pas toujours le même car à tout moment tu le rends pour en avaler d’autre. Il te reste, en troisième lieu, le principe directeur. Pense à ceci: tu es vieux; ne permets plus qu’il soit esclave, qu’il soit encore comme tiré par les fils d’une égoïste impulsion, ni qu’il s’aigrisse contre son sort actuel, ou bien qu’il appréhende celui qui doit venir.»
Marc-Aurèle, Pensées pour moi-même
– Je crois que nous tournons en rond...
– Comment pourrait-il se faire que la page que nous cherchons ne soit plus entièrement comme vous l'avez vue?
– Quelque chose, peu importe quoi, aura bougé...
– Et alors?
– ... alors tout sera, peu ou prou, transformé...
– Si, nous qui sommes naufragés sur cette page qui hormis nous semble déserte, nous trouvions l’ouverture et que nous parvenions à aller sur cette autre page entrevue et qui nous intéresse, une question se poserait: en ferions nous partie?
– D’un certain point de vue... nous en avons toujours fait partie...
– Comment cela? Ne sommes-nous point prisonnier de ces cages que sont les pages où les images?
– De même que les pages forment un tout, les éléments, nous par exemple, qui les composent font aussi partie de ce tout... dès le commencement...
– Même si ils n’apparaissent pas à la première page... mais à la vingt-quatrième par exemple?
– Quelque chose de difficilement explicable les précède.
– Quelque chose comme quoi?
– Quelque chose comme une absence, un oubli peut-être... ou carrément un fantôme... ou l'inverse...
– ?
– Une présence...
– Est-ce toujours le cas?
– Il semblerait...
– Est-ce que cela signifie aussi que les pages, pas plus que les images, ne seraient plus des prisons absolues desquelles nous ne pourrions nous échapper?
– Nous y voilà!
– Vous avez trouvé?
– Non, vous avez trouvé.
– Le passage?
– Une sorte...
– Celui que nous avons vu et dans lequel vous avez vu et entendu ce qui vous vaut de porter cette chose ridicule, ce couvre-chef dégradant?
– Non, un autre... Pinocchio l’Autre... qui n’est pas sage... a trouvé un passage...
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