mercredi 29 avril 2020


"Cette aurore est la première du monde. Jamais encore cette teinte rose virant délicatement vers le jaune, puis un blanc chaud, ne s’est ainsi posée sur ces visages que les maisons du côté ouest, avec leurs vitres comme des milliers d’yeux, offrent au silence qui s’en vient dans la lumière naissante. Jamais encore une telle heure n’a existé, ni cette lumière, ni cet être qui est le mien. Ce qui sera demain sera autre, et ce que je verrai sera vu par des yeux recomposés, emplis d’une vision nouvelle."

Livre de l'intranquilité, Fernando Pessoa



Monsieur l’Écrivain 

Se pourrait-il que toute cette révolte que j’imaginais être mienne puisse avoir été celle d’un autre. La vôtre peut-être, monsieur l’Écrivain. Il me semble de plus  en plus que vous vous êtes servi de moi...
Ce qui me dérange le plus dans cette histoire est précisément le fait d’être dérangé et que ce dérangement loin d’être mien serait encore le vôtre. Tout ce que j’imaginais être mien était-il et sera-t-il à jamais vôtre? Il me semble...en me tournant vers le passé, que j’aperçois quand même quelques petites choses qui ne peuvent être simplement vôtre. Je ne crois pas me tromper en pensant que d’une certaine manière, qui m’échappe un peu... et même beaucoup... je vous échappe aussi quelque peu... Ne serait-ce point là, précisément mon rôle?

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