mercredi 29 avril 2020




Monsieur l’Écrivain

Quand est-ce que pour la première fois je me rendis compte du manque qu’il était prévu que je comble? Je ne le sais plus... mais ce n’est qu’à ce jour et cet instant que je comprends vraiment ce désir qui est le vôtre depuis le début... Ce ne peut être une consolation ni pour vous ni pour moi. Je refuse d’être une consolation, monsieur l’Écrivain. Je ne crois pas que vous auriez eu le cran de mettre en place une situation aussi extrême... à moins que... À moins que vous aussi, dans votre jeunesse lointaine, vous n’ayez été ce qu’aujourd’hui je suis... Et dans ce cas, je ne serai plus le fils, votre fils, mais une sorte de doublure figée dans un passé dont vous remanieriez les séquences, comme un monteur de cinéma monterait un film, sur les indications d’un metteur en scène, vous-même, monsieur l’Écrivain qui avez aussi écrit le scénario et dans ces scènes loin de les inventer, je rejouerais ce qui vous était arrivé avec, je le suppose, quelques petits changements, quelques arrangements vous permettant de reconsidérer ce passé qui pour vous est encore un présent.

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