dimanche 7 octobre 2018

(7) Une utopie comme une autre


«Certains royaumes anciens avaient pour coutume de mettre à mort leur roi après quelques années de règne, écrit Robert Greene dans Power, Les 48 lois du pouvoir. C’était en partie un rituel de renouveau, mais aussi un moyen d’empêcher le souverain de prendre trop de pouvoir aux dépens de ses sujets.»

De nos jours, il existe heureusement des moyens moins sanguinaires pour insuffler une nouvelle dynamique à une société. L’un d’eux nous vient des États-Unis et se nomme holacratie (holacracy en anglais). Dans La révolution Holacracy (Ed. Alisio), Brian Robertson explique comment l’idée de ce mode de gouvernance sans chef lui est venue.


«Aux commandes d’un avion, un voyant que je ne connaissais pas s’est allumé. Ne sachant comment réagir, j’ai vérifié le bon fonctionnement des autres instruments. Tous m’indiquaient qu’il n’y avait pas de quoi s’inquiéter. J’ai donc décidé d’ignorer cette voix minoritaire.»

Or cette décision a failli lui coûter la vie.

Mais comme à chaque chose malheur est bon, il en tire cette conclusion:

«L’erreur qui a failli être fatale dans mon cockpit est commise chaque jour dans la plupart des organisations.»
En effet, une organisation est elle aussi dotée de capteurs –humains– qui ressentent pour son compte la réalité et les dangers environnants. Il suffit cependant qu’une opinion vitale émise par l’un de ces capteurs ne soit pas partagée par le leader pour qu’elle soit ignorée. S’inspirant du fonctionnement du corps humain, Brian Robertson s’est mis à imaginer une entreprise dans laquelle la gouvernance ne serait plus l’apanage d’un seul dirigeant, mais un processus continu intervenant au niveau de chaque équipe lors de «réunions de gouvernance». Pour rappel, notre corps fonctionne avec efficacité non pas grâce à un système de commandement descendant mais grâce à un système distribué, dans lequel chacune des entités (cellules, organes, etc.) est autonome et capable de comprendre et de traiter des messages. Si notre corps fonctionnait en centralisant au niveau conscient les informations traitées au sommet, cela mettrait notre survie en péril. «Face à un danger, vos glandes surrénales devraient attendre votre ordre avant de produire l’adrénaline nécessaire pour vous donner l’énergie de lutter ou de fuir. Ça ne marcherait pas. Et c’est pourtant ainsi que nous concevons le fonctionnement de nos organisations», relève l’auteur.
Autonomie et autorité individuelle. L’holacratie rompt avec ce modèle de management autocratique. «La structure utilisée par les entreprises ayant adopté cette vision est une holarchie», poursuit Brian Robertson. Les salariés sont des holons (ou cercles)imbriqués dans de plus grands holons (les équipes, les départements, etc.), soit à la fois un tout indépendant et la partie d’un tout plus important.

Comme pour le corps humain, chaque partie n’est pas assujettie à celle située au-dessus, mais dispose d’une autonomie et d’une autorité individuelle. Concrètement, un collaborateur n’a plus besoin de l’aval d’un manager pour formuler une proposition ou tester une idée, pour autant qu’il n’empiète pas sur le domaine d’un autre collaborateur.
«Un holon ne peut se comporter comme s’il était totalement autonome au risque d’endommager le système, à l’instar d’une cellule qui devient un cancer. Les besoins des autres holons doivent par conséquent être pris en compte.»

[ ... ]

Holacratie, lʼutopie qui se passe de chef, Amanda Castillo, Le Temps 07.10.2018 




 – Un bruit court..
– Lequel... et dans quel monde?
– Il en est tellement...



– Mais de votre point de vue.
– Je crois que c'est dans le nôtre...
– Alors ce bruit?
– Le bateau fantôme...
– Quel bateau fantôme?
– Celui dont on ne peut deviner la trajectoire... celui qui sans cesse semble se perdre...
– Eh bien?
– Il est réapparu!
– Qui l'a vu?
– L'enfant-Lune...
– Mais il n'est plus de ce monde!
– Lui, non, mais ce qu'il dit, oui.
– Qui l'a dit?
– Lui.
– Et que dit-il?
– Ils auraient un nouveau Cap'tain...
– Ils ont mis fin à leur expérience?
– Non...
– C'était un échec?
– Non.
– Que s'est-il passé?
– Le temps et le naturel sont passé par là... 




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