mercredi 27 décembre 2017

Une empreinte plurielle

« Celui sur qui fond un malheur dont la cause est claire est accablé par les causeurs qui font la leçon, et qui à travers lui viennent conjurer la cause du mal. Mais lorsque ce malheur -c’est le cas de Job- à une cause inconnue, voire absente, les causeurs viennent quand même conjurer l’inconnu, l’absence de cause; ils pointent du doigt ce malheureux qui les angoisse comme si le malheur était contagieux, était une pure transmission.»

Les jouissances du dire, Daniel Sibony 
 





– L'auriez-vous remarqué: le mot pas laisse une empreinte plurielle et invisible qui ne s’entend pas.
– Comme c'est curieux!
– Qu'est-ce qui est curieux?
– Justement, j'y pensais.
– À quoi précisément faites-vous allusion?
– Au fait que le mot "pas" passe, comment dire... quand il se met en mouvement. Il crée comme une attente. L'attente du prochain pas qui, s'il est relativement le même à chaque fois, s'inscrit toujours dans quelque chose de nouveau.
– C'est une répétition.
– Mais aussi: le mot pas, quand il se lie au mot sage change de nature...
– Et puis le mot pas se fait absence.
– Avez-vous prêté attention à ce qui se passe sur la scène du théâtre de notre beau paquebot? 
– Ce ne serait qu'une répétition...
– Si cela est possible...


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