mardi 19 décembre 2017

Ainsi va le monde




Se faisant face, en rangs bien ordonnés derrière le lourd rideau de la nuit, l'un, le nombre et ceux qui le composent se tiennent en silence. L'homme ayant été dûment convoqué et l'heure étant arrivée, la majestueuse troupe s'est réunie au milieu des ruines. L'un après l'autre les feux sont allumés.
Dans leurs yeux, de sombres volutes et voluptés désordonnées traquent et anéantissent les fulgurances de maigres braises. Dans les miroirs, face au levant, de froides images incapables de ressentir, scintillent comme les feux venus d'ailleurs, des feux qui ne sont point les leurs. Il serait dangereux et vain de croire que l'on peut sans danger s'en approcher et plus encore de vouloir se les approprier. Au-delà de la caresse furtive, l'idiot qui tend la main risque fort de s'y brûler. Alors de ses yeux qui croyaient rêver, face au ciel qui se voile, il arrive que surgissent de belles et chaudes larmes dans lesquelles le feu et tout ce qu'il croyait voir poursuivront seuls leurs chemins dans un longue chute jusqu'à pénétrer la terre d'où elles sont issues.
Au milieu des cendres, si près, si loin, d'autres feux et d'autres yeux y feront semblant de se voir et sur la surface bien polie du miroir de nouvelles larmes reprendront chacune leurs chemins. On ne peut voir que ce que l'on sait voir. Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas. La parole est donnée puis reprise... Ainsi va le monde.

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