"Il ne peut y avoir de socialiste sincère, et qui le resterait, avant
de constituer en nous-mêmes une essence pure et divine qui nous pousse à
ne pas réclamer nos droits individuels dans la société tant qu'un seul
individu ne jouit pas de tous ses droits ; c’est-à-dire d’expliquer
l’égalité par une égalité de droits avec les autres, et non par
l’obtention de nos propres droits. Ceci ne pourra advenir que par la
réalisation d’une sorte d’altruisme après l’accomplissement spirituel et
effectif de l’essence humaine. Ce n’est qu’à partir de là que l’humain
ayant foi dans les valeurs peut bâtir une société socialiste. Comment
serait-il possible que s’évanouissent les classes dans une société dont
les individus sont mus par des mobiles matérialistes et où la
philosophie matérialiste constitue l’explication de notre existence et
de notre vie ? Quant aux relations humaines, elles sont devenues des
relations collectives de bêtes qui ouvrent grand leurs mâchoires et se
disputent des cadavres et à peine l’une d’elle ferme-t-elle les yeux
qu’elle est aussitôt victime de la ruse et du vol de l'autre. Le système
capitaliste et de marché exige de l’homme qu’il coure tel un chien, du
matin au soir et qu’il rêve d’argent du soir au matin, sinon il pourrait
croire qu'il est privé de vie. (…) C’est pourquoi l’homme socialiste
est avant tout un homme divin ; il est une essence pure et élevée, un
homme qui a atteint le degré de l’altruisme, qui a une orientation
idéologique conforme à sa vision d’ensemble de la vie."
Ali Shariati, Construire l’identité révolutionnaire, éd. Albouraz, L’Islam Autrement, p.28-29
– Comment voulez-vous que nous puissions arriver à un tel niveau!
– De quel niveau parlez-vous? De celui du Cap'tain?
– Non... de celui du socialiste sincère dont parle l'article ci-dessus.
– Rassurez-vous, c'est plutôt rare... aussi rare que l'est le Cap'tain... et c'est peu dire...
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