samedi 23 décembre 2017

Les subtils dangers des voyages de l'esprit


« La plupart des gens n’ont qu’une imagination émoussée. Ce qui ne les touche pas directement, en leur enfonçant comme un coin aigu en plein cerveau, n’arrive guère à les émouvoir ; mais, si devant leurs yeux, à portée immédiate de leur sensibilité, se produit quelque chose, même de peu d’importance, aussitôt en eux bouillonne une passion démesurée. Alors ils compensent, dans une certaine mesure, leur indifférence coutumière par une véhémence déplacée et exagérée. »

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, Stefan Zweig


Pendant les discours convenus auxquels il ne prête l'oreille, Nounours se laisse aller aux "subtils dangers des voyage de l'esprit". Il entend vaguement, prononcé par une voix inconnue, un discours qui se substitue à celui qui se fait appeler Grand Ancêtre, quand ce n'est pas Vénérable Grand Ancêtre, ou encore Très... C'est ainsi que du chapeau de Nounours, le Jeune, là où tout eut dû resté caché, Pinocchio s'est, tout d'un coup élevé. Sa tête avait pris feu et une grande vague s'était jetée sur lui. Dégoulinant de toutes parts, relevant la tête il voit l'Ancêtre au bras levé et à la voix tonitruante, mais il n'entend rien.




Il ne peut s'empêcher de penser à haute voix. Une petite voix qu'il ne reconnait pas.

– ... tout ce qui satisfait votre vanité...


Cette petite voix, la sienne peut-être, s'est-elle adressée à l'Ancien?



– C'est ainsi que vous me remerciez?
 
Le couvre-chef  avait pris feu en même temps que l'humeur de l'Ancien mais il ne semble pas s'en rendre comptes.




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