lundi 4 décembre 2017

Qui ne dit mot consent...


– Croyez-vous que nous ayons consenti à penser...
– Vous n'y pensez pas...
– Je voulais dire à parler comme eux?
– Parler  et penser pourraient être indissolublement liés...
– Vous n'avez point répondu à ma question.
– Seul le oui dit oui.
– Au début nous ne disions rien.
– Et alors?
– Qui ne dit mot consent?
– Suffit-il de dire oui pour consentir?
– Il faudrait auparavant que nous nous mettions d'accord sur ce que veut dire consentir...
 



Deux perroquets, en secret, bavardent et observent. Depuis longtemps ils se sont échappés de cette histoire. Leurs natures profondes ont repris le dessus, mais il leur est resté un "je ne sais quoi" suffisamment actif pour que l'interrogation qui a germé dans leur esprit fasse son œuvre...

– Vous me le concèderez: il est assez ardu d'entrer dans une différence...
– ... ou d'aborder les rives d'une pensée chaotique...
– Comment se fait-il que nous ayons envie de leur ressembler?
– Il faudrait pour cela remonter un peu dans le temps...
– Faites donc.
– Aucun de nous ne les aurait approché de leur plein gré.
– Comment cela se fit-il?
– Il nous ont capturés et fait prisonniers.
– Pourquoi ont-ils fait cela?
– En partie parce qu'ils aimaient la couleur de nos plumes dont ils aimaient s'affubler.
– Comment se fait-il que je ne m'en souvienne pas?
– Vous n'étiez pas né à cette époque.
– Donc, je ne peux m'en souvenir, c'est logique...
– Vous ne pouvez vous en souvenir, mais en fait la mémoire n'en a cure...
– Vous avez parlé de la couleur de nos plumes d'une part, et l'autre partie?
– Nous les amusons.
– Pourquoi cela?
– Parce que nous avons les moyens de les imiter bien mieux qu'ils ne le font habituellement.
– Mais en quoi cela peut-il les intéresser que nous les imitions?
– C'est leur côté grotesque que nous leur montrons dans le miroir que nous leur tendons. Et puis l'image, vocale, avec tout ce qu'elle transporte, est suffisamment complexe et surtout intrigante pour que certains d'entre eux, très peu, s'intéressent au réellement à ce qui se produit quand le regard se perd dans le miroir.
– Pourquoi dites-vous que le regard se perd dans le miroir?
– Parce que le monde y est inversé et que ce décalage, s'il est perçu, intrigue et même angoisse quelquefois.
– Savent-ils que nous essayons de percer le secret de leur langage.
– Certains, les mêmes que tout-à l'heure, s'en doutent tout en doutant de leurs doutes...




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