mercredi 13 décembre 2017

La lumière d'un éclair




"La lumière d’un éclair se présente aux novices fulgure et se replie comme la fulguration d’un éclair délicieux. (…) Souvent l’on entend, en même temps que lui, un bruit qui ressemble à celui d’un tonnerre ou à un bourdonnement dans le cerveau. Une lumière soudaine et délicieuse dont l’irruption ressemble à ce que serait celle d’une eau brûlante sur la tête. Une lumière qui persiste un temps assez long, qui subjugue avec violence et qui s’accompagne d’une sorte de torpeur dans le cerveau. Une lumière extrêmement douce qui est sans ressemblance avec l’éclair, mais qui est accompagnée d’un état d’allégresse subtil et tendre, étant mise en vibration par la puissance de l’amour. Une lumière qui embrase, se mouvant du mouvement de la puissance qui domine et parfois, qui se manifeste par un concert de timbales et de trompettes, choses qui terrifient le débutant, ou bien qui affecte avec force l’entendement et la représentation. Une lumière qui fulgure dans un rapt immense, qui se révèle, à la contemplation et à la vue, plus manifeste que le soleil, dans une jouissance ravie. Une lumière très éclatante, extrêmement douce. (...) On a l’impression qu’elle empoigne la chevelure, qu’elle la tire avec force, et lui impose une souffrance délicieuse. Une Lumière en même temps qu’une étreinte, on a l’impression qu’elle est implantée dans le cerveau. (...) Une lumière avec laquelle on se représente une pesanteur que le mystique est à peine capable de supporter. Tout cela, ce sont des illuminations qui se lèvent sur l’âme humaine régente de son corps."

Sohravardî, Le Livre de la Sagesse orientale, §272, Folio essais, trad. H. Corbin, p.228 

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