Cent-quatre-vingt-neuvième rapport de Don Carotte
Extrait du Grand Cahier Noi
Peu à peu, pendant que je voyais, tel Marcel en son temps, prendre forme ce que j'avais toujours désiré: cette lente et progressive évolution vers l’âne parfait, je perdais contact avec ceux qui se disaient mes semblables et qui pourtant doutaient... Ils doutaient, sans aucun doute... de la réalité que j'avais rencontré et que j'avais avait, pour un instant, tenu entre mes mains... Le monde, le mien, dont je peine à mesurer la grandeur, m semble vide. Et pourtant, je le sens, une menace se cache dans ce vide même. Alors, dans ce vide pétrifié souffle et résonne le vent qui ressemble à ma voix:
“Maître de lui-même est celui
Qui dit du jour: “Je l’ai vécu!”
Qu’importe que demain le Père
Emplisse le ciel d’un orage
Ou nous procure un pur soleil!”*
– Existe-t'il un imaginaire sans les choses?
– Pour le commun des mortels oui...
_ Qui est le commun des mortels ou plutôt qui n'est pas le commun des mortels?
– Le lien qui met en commun les deux parties est des plus étranges. Il est le résultat d’un fait fait quasiment similaire qui par sa profondeur et son accoutumance immédiate les défait tous deux de leur éloquence.
– Vous n'avez point répondu à ma question...
* Horace
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