lundi 6 août 2018

(6) Un livre-miroir




– Si je devais croire aux bribes de conversation qu’une brise irrégulière transportait à mes oreilles et si je parvenais plus ou moins bien à traduire le langage propre à leur univers, celui-ci grandissait insensiblement pendant que le mien rétrécissait sans qu’il me fut permis d’en douter. Quand il m'arrive d'entendre des mots que je ne vois pas formuler, je me sens un peu perdu et sans réaction comme notre digue quand l’eau monte. Alors, à travers les mots qui se disent, je regarde comme elle monter à mes pieds ce monde nouveau qui ne demande qu’à être déchiffré comme un livre et dans lequel je risquais fort de disparaître. Un livre dont les pages se renouvellent par vagues successives et dont je ne pouvais rien relire jamais. Il générait son propre langage sous forme d’images qu’il convenait de décoder. Un livre-miroir où le ciel dans son entier se reflète et joue infiniment. Il me fallut beaucoup de travail pour concilier l’infini des vagues et le langage ardu de mes lointaines compagnes. Insaisissables et riantes mouettes à l’assaut du sommet des vagues, elles murmuraient sans fin...






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