Je me sers moi-même, avec assez de verve, Mais je ne permets pas qu'un autre me les serve.
Edmond Rostand
“D'emblée, tentons l'impossible: essayons d'emboîter le pas à ce voyant, à plus un titre sauvage. Cela a commencé par un regard. Hugo, au cours d'une promenade sur la plage, à marée basse, sur l'île de Jersey, tombe en arrêt devant une série de haut troncs d'arbres transplantés, dont le nombre, les formes, la disposition -on pourrait presque dire les attitudes -provoquent en lui le choc d'une rencontre. Hugo proscrit, physiquement transplanté hors de son environnement social, hors de son habitus parisien, a dû s'exiler à Jersey (d'où il sera bientôt expulsé) puis Guernesey. Ces troncs d'arbres arrachés, comme lui, à leur milieu naturel, évoquent, dans son esprit, des références anatomiques, convoquent des fantasmes de démembrement, de corps morcelés, de débris humains («des rotules», «une rangée de tibias»).“
Jean-Jacques Lebel
À pied, à cheval, en spoutnik
Beaux-arts de Paris, les éditions
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire