mercredi 22 août 2018

(22) Un certain courant et des oubliettes


« L’abolition de la prison n’est absolument pas pensable sans l’abolition ou, mieux, la destruction des rapports sociaux actuels. Ceux qui défendent encore la possibilité d’éliminer la torture qu’est l’enfermement à l’intérieur de ce monde commettent donc une grossière erreur, et accomplissent – même si on peut reconnaître, dans certains cas, leur bonne foi – une œuvre ouvertement conservatrice.
Éliminer l’usage étatique de l’enfermement avec l’argument que la prison n’a pas toujours existé (c’est même une invention plutôt récente) ne mène, dans le meilleur des cas, à rien. Et dans le  pire, comme cela arrive trop souvent, cela conduit même à formuler des thèses qui voudraient réinsérer le « déviant » dans la société à travers des mesures coercitives alternatives. Ce qui revient en réalité à proposer le dépassement de la prison par un «réalignement» forcé de l’individu en l’insérant dans un processus de rééducation culturelle, morale et intellectuelle. C’est-à-dire en anéantissant définitivement le libre arbitre. En ce sens, L’État moderne a déjà accompli plusieurs pas en avant et n’a certainement pas besoin qu’on l’aide par une quelconque forme de démocratisme abolitionniste. Les oubliettes, les ceintures de cuir et les punitions corporelles systématiques (tout en n’ayant pas totalement disparu) ont laissé place à des méthodes de coercition plus subtiles dont le but, au-delà de la rédemption des corps, est aussi la destruction des esprits.»


À corps perdu 
Revue anarchiste internationale, n°2, juillet 2009 (Paris)


 

Cent-quinzième rapport de Don Carotte
Extrait du Grand Cahier Noir

 
Si la position du Grimpion, vu de l'extérieur paraissait plutôt alarmante, il n'en était pas de même pour lui-même... enfin de ce qui restait de lui-même... 
Il faut aussi que je signale un fait important. Juste avant la chute, une obscurité presque complète régnait sous le chapiteau. C'est au moment où la Sainte Colonne se mit à vaciller qu'une sorte de courant électrique se mit à circuler sous le chapiteau, allumant faiblement les ampoules nombreuse qu'il trouvait sur son passage. Je ne jurerais rien, mais il me semblait que le Grimpion lui-même fut quelque peu "allumé" lui aussi...
Selon ses propres dires:
– Il ne restait que bien peu de moi-même. Tout juste de quoi me souvenir que j'étais là sans pouvoir me souvenir de quoi que ce soit d'autre, encore eut-il fallu, pour le savoir, que je le désire... Or, dans l'état où je me trouvais, jamais le verbe ne fut si bien adapté, je ne désirais rien d'autre que ce que je ressentais.


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