jeudi 17 août 2017

Comme par hasard et malgré tout


« C’en est donc bien fini du vrai, qui lui suppose cette réalité préalable pour pouvoir lui être conforme. En littérature et poésie, on invente des histoires de toutes pièces, on fantasme, on joue avec les mots, le texte, la matérialité sonore, et l’écrivain n’est pas tenu comme le savant, le journaliste, l’historien, le philosophe d’aller à la vérité. Le référent du récit, la diégèse, est un univers imaginaire qui, même quand il emprunte à la réalité (lieux, personnages, etc.) des pans entiers de sa narration, comme c’est le cas avec le roman réaliste et naturaliste, reste un univers fictif. Et s’il y a de la vérité “en” elle, c’est comme par hasard. Oui, certes, on peut en trouver, par-ci par-là, de la vérité, mais ce n’est pas son objet principal de dire le vrai. » *
 
 
 – Cher Auguste, vous avez dit, je vous cite: 
"C'est ainsi que se met en évidence une des points communs que partagent le Commandant Guisbert avec le Cap'tain qu'il soutient: ils voudraient tant être aimés..."
Oui.
– Alors, n'ont-ils pas raison malgré tout?
– Vous avez raison. Et ce pour la formulation que vous avez utilisé.
– Précisez je vous prie.
– C'est le concept de "malgré tout" qui est le plus juste.
– Pourriez-vous précisez encore plus?
– Pour moi "malgré" signifie qu'il n'y a pas accord. Et ce serait au-delà de ce désaccord, qu'il existe encore la possibilité d'aimer. C'est de cet au-delà qu'il est question chez Platon l'Ancien...
– Qui est-ce?
– C'est quelqu'un que nous connaissons bien et qui aujourd'hui porte un autre nom.



* Philippe Mengue, Deleuze et la question de la vérité en littérature

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