samedi 19 août 2017

Qui est Platon l'Ancien?

 Que devient le sens quand ses propres mots, ceux qui le définissent ou ceux qui lui donne sens, sont arrachés du contexte auquel ils appartiennent?

« [...] Le poème a du me servir de berceuse , de celles qui dans ce pays où la faim compte on chantait aux gosses pour leur faire oublier de dîner par temps de dèche; de plus, celui qui le chantait de sa voix stridente et désaccordée, où l’harmonie, insistant par son défaut, achevait d'arracher au texte la musicalité à quoi, visiblement il ne prétend pas; la musique étant pour le coup reportée sur les mots, infiltrée dans l'agencement interne aux mots, leur mise en place récurrente, leur éclosion voilée... »*



 
On pourrait se demander, et c'est précisément ce que se demandent ce Cher Auguste et ce Cher Justin:

– Qui donc est Platon l'Ancien?

S'il faut se référer à ses propres écrits, on pourrait penser qu'il serait le fils de Gabar, le Cap'tain. Mais lui-même y instille le doute. Ce même doute qui s'est infiltré en lui en même temps que le questionnement plus général qui peut occuper l'esprit de chacun, à considérer qu'il soit curieux, pour commencer :
Quel est donc ce lien de parenté que l'on appelle père, mère, fille, fils, sœurs, frères et plus encore?
La réponse est simple quand la situation est idéale. La fille ou le fils sont "une partie" d'un tout (père et mère) qui dès la naissance se développe indépendamment. Naturellement, chacun sait que cette indépendance est toute relative... et la vraie question serait de savoir à partir de quand l'individu, celui qui ne peut être divisé, serait devenu indépendant. Une indépendance encore toute relative nous dit Platon (l'Ancien)... Toute sa vie ou presque, c'est lui qui nous le dit, Platon est obligé de préciser qui il n'est pas avant de pouvoir réaliser qui il est. Ce n'est pas le moindre de ses devoirs envers lui-même. On pourrait se dire que si ce nom est si difficile à porter, il n'a qu'à en changer. C'est précisément ce qu'il finira par faire. Mais du coup, un autre problème est apparu. D'autant plus que, pour lui, la situation est bien loin d'être idéale puisque le doute ne concerne pas seulement son père, mais aussi sa mère. Le doute est là en permanence dans la vie de Platon l'Ancien.


 – Comment peut-on se séparer de tout un pan de sa vie...



– Tu prends ton envol et c'est fini! 
– Pour nous les choses sont bien plus simple, mais vous êtes-vous demandé pourquoi, pour certains d'entre nous, nous les imitons avec tant de constance...
– C'est dans notre nature et puis cela nous procure quelques gratifications...
– Eh bien, il semblerai que ce soit dans la nature de l'homme de s'interroger.
- Vous êtes en train de me dire que par le fait de les imiter nous serions en route vers la même situation, le même questionnement qu'eux?
– C'est plus que probable, mais revenons à ce que nous disions...
– si pour autant, changer de nom serait se séparer de soi-même...
– et si ce n'est pas se séparer de soi-même...


* La jouissance du dire,  Daniel Sibony, Grasset


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