lundi 21 août 2017

Sans le savoir






L'esprit de Platon l'Ancien, sous l'action bienfaisante de la lecture, s'était mis en mouvement. Bientôt, toujours sous l'effet de ces lectures, bien avant que de savoir écrire et sans le savoir, il se mit à dire. Certes ce n'était qu'un petite voix intérieure, absolument inaudible pour le moment. Il en eût bien dit davantage s'il ne s'était passé que plus il parlait, plus son esprit lui semblait grandir. Mais sans qu'il ne puisse s'en rendre compte, il s'échauffait de plus en plus... ce qui fit que, ruisselant de moiteur il dut s'interrompre pour s'aérer et se mettre à la recherche de boisson.




L'interruption lui fut largement bénéfique.Ce qu'avait lu Platon l'Ancien prenait sous ses yeux une signification différente. Libérés des contraintes du livre, les mots, poursuivant leur incessantes transformations, reconstruisaient le discours dans l'infinie complexité du Réel dont ils se faisaient les témoins.



Platon l'Ancien, sans le savoir, parle au présent avec le passé:

– En vérité, je vous le dis, mes très chers amis, si, en ce pays j'avais quelque crédit, j'annoncerai, en grande pompe et somptueux décors, que, quand La Très Ancienne Compagnie des très Hauts, nos maîtres qui aimeraient être vénérés, disent qu'une certaine grâce "suffisante" est donnée à tous, ils entendent que tous n'ont pas la grâce qui suffit effectivement.*


* Référence aux "Provinciales" de Pascal



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