samedi 5 août 2017

De la règle et de la rumination...

On ne devrait point donner de règles aux arts que l'on ne connait point...

"Et quoi? songeait-il. Que fais-je au monde avec mes tourments et mes sophistiques? Les oiseaux, les serpents, les moustiques même vivent de rayons et de chairs. Naître leur donne droit à la joie. Seul l'homme s'arrachant à son plein lot de pain et d'air se mésallie avec les concepts, bifurquent aux chimères, se gavent de cogitations."

Joseph Delteil La fayette




« Les ruminations sont un des grands pièges de la Vie Intérieure. C'est réfléchir en rond. On est alors absorbé par des pensées circulaires répétitives, stériles, épuisantes. Les ruminations sont un leurre. Malgré notre intelligence elle nous trompe car on croit réfléchir alors qu'on ressasse et nous abuse car on pense être  dans le réel, le réel de nos soucis, alors qu'on est dans le virtuel, le virtuel de nos craintes, de nos regrets. Pourquoi nous laissons-nous piéger ainsi? Parfois, tout simplement par habitude. La triste habitude mentale prise depuis des années de ressasser à l'infini nos problèmes. Parfois c'est parce que l’émotion de peur, de tristesse, de honte, est très forte. La rumination signe alors une pensée prisonnière de ses émotions douloureuses intenses. Parfois encore, on rumine parce qu'on est impuissant à agir et que la rumination remplace l'action. On rumine parce qu'on a pas admis au fond que pour le moment il n'y a pas de solutions immédiates à ce qui nous tourmente. La rumination est un symptôme auquel on est très attentif en psychothérapie. Elle est associée notamment aux souffrances anxieuses ou dépressives dont elle est un des facteurs aggravant. C'est par exemple en leur apprenant à moins ruminer que la méditation aide les patients fragiles à ne pas retomber dans la dépression. Et, en attendant d'apprendre à méditer, que faire? Comme toujours: repérer le plus tôt possible que nous avons commencer à ressasser. Car si le moteur ruminatoire est lancé depuis un moment, arrêter son mouvement sera d'autant plus difficile. Puis, se poser ces trois questions classiques en psychothérapie. Depuis que je réfléchis à ce problème:
– Ais-je l'impression d'avoir avancé vers une solution?
– Sinon, ais-je le sentiment d'y voir plus clair?
– Sinon enfin est-ce que je me sens soulagé d'y avoir pensé?
Si je réponds non à ces trois interrogations, c'est que je ne suis plus en train de réfléchir, mais de ruminer et qu'il vaut mieux d'arrêter. Il est important aussi de faire preuve de discernement et de savoir où l'on se trouve.
– Suis-je encore dans le réel?
C'est-à dire est-ce que je raisonne à partir de faits concrets? Ou bien suis-je parti dans un virtuel sans fin et sans réponse. Le virtuel de mes angoisses: Comment tout cela va-t'il finir? Ou le virtuel des causes possibles de mes souffrances: Pourquoi est-ce que tout cela m'arrive à moi, maintenant?
Dans ces moments, paradoxalement, le meilleur allié pour s'arracher à nos ruminations, ce n'est plus notre cerveau, mais notre corps. Se lever, bouger, aller marcher. Des études montrent que dix minutes de marche rapide diminuent nettement le flux de nos ruminations. Marchons, marchons! et nous reviendrons vers le problème plus tard avec l'esprit plus clair. Finalement, les seules ruminations que nous devrions tolérer, ce sont les ruminations positives. Nous repasser en boucle nos bons souvenirs de la journée ou de la semaine. C'est ce que faisait de son mieux[...]»*



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