samedi 26 août 2017

Un silence étouffant


"Je ne crois pas qu’il faille «analyser» une séparation et encore moins un divorce.  Il faut lui survivre, laisser du temps pour cicatriser et se reconstruire."*


Face aux éléments, un bateau  normal est doté, par sa structure et sa mise en œuvre, d’un mode de réaction relativement constant et gérable. En fait, tout dépend des conditions, largement prévisibles, dans lesquelles il vogue. Notre embarcation, l'Abysse, quant à elle, peut être surprenante. Elle l'a été... par intermittence et surtout dans l’enthousiasme qui accompagne les naissances. C'était un beau bébé. Dûment baptisé, il semblait inébranlable sur ses assises. Et puis est venu le temps des épreuves où il a fallu apprendre à marcher. Ce qu'il a fait. Et puis est venu le temps d'apprendre à parler. Ce qui fut fait aussi. Et puis, lentement sans que rien ne fut fait en ce sens, naturellement, la parole est devenue discours... tant et si bien que, peu à peu la parole s'est perdue sans que personne n'y prenne garde. Et depuis le bébé-bateau est devenu par la grâce des discours, constamment changeant. Le plus souvent retombant sur ses assises, il se méprend sur les sentiments qu'il affiche. Ses comportements, ses silences comme ses opinions se multiplient à l'infini. Sans que personne n'y prenne garde, le souvenir de la parole s'est perdu. Si la chose fut dite, personne ne voulait l'entendre. Innombrables sont les variantes au gré du temps d'un discours fatigué. La bateau, devenu adulte, vogue cahincaha sous le vernis brillant encore. Ses hésitations marquent le pas d'une valse inconsciente qui le mène et qu'il ne maîtrise pas. Tant et si bien que les véritables tempêtes ne sont point à craindre de l'extérieur, mais chacun l'aura compris: de l'intérieur. Un intérieur qui n'en finit pas de se lamenter sur lui-même et de se perdre parmi les innombrables tentatives de se doter d'un règlement, d'une charte et d'une éthique tout ce qu'il y a de plus mouvante. Les valseurs se fatiguent, cèdent au tournis et rejoignent une terre ferme. Si bien que, pour ceux qui sont restés "faire le point" revient à se soumettre à une position: celle du Cap'tain à l'ombre de laquelle plane celle du Commandant. Impossible de la situer dans la relation ni à savoir ce qu'elle est réellement. Sa position est insaisissable, inexpugnable même, tant elle semble être ancrée dans le passé!
Que ne donnerait-on pour retrouver les fastes d'un temps qu'eux seuls ont connu. Advienne le temps où sera vaincue la "lex imperfecta".
Mais le temps passe, c'est bien connu et puis, lentement sans que rien ne fut fait en ce sens, naturellement, une certaine forme de violence institutionnelle** fit son apparition...


* Les mémoires d'un Cap'tain, Éditions Dents du Midi

** La violence institutionnelle concerne « toute action commise dans et par une institution, ou toute absence d'action, qui cause à l'enfant une souffrance physique ou psychologique inutile et/ou qui entrave son évolution ultérieure » 
Lucas Bemben Psychologue clinicien.



Aucun commentaire: