"Il y présente le mouvement même de la création en train de s’accomplir ;
ce mouvement de « nomination » et d’« écriture », non pas au sens de
former des lettres sur une page blanche, mais au sens du mouvement de la
pensée qui tente d’exprimer quelque chose. Ce désir de nomination
détermine la volonté de soumettre l’être à une violence indescriptible :
chercher à exprimer ce chaos par un ordre préétabli et désirer dire
infiniment avec une langue limitée : « Quelle violence doit s’exercer
sur la pensée pour que nous devenions capables de penser, violence d’un
mouvement infini qui nous dessaisit en même temps du pouvoir de dire Je.»"*
Le
sentiment modeste de sa propre situation fit que Platon l'Ancien, tout juste
sorti de l'âge mûr, ne prit quasiment aucune part à ce déluge.
– Comment
commencer à penser par soi-même quand le seul apprentissage que l'on ait eu est celui
d'obéir?
Du concept à la réalité et à son éventail d'images dont on a aussi à s'interroger sur leur soi-disant capacité à être fidèle ou simplement ressemblante... il y a un pas qui traverse un gouffre si profond qu'il est remarquable d'observer à quel point tout le monde le franchit sans hésitation, sans le connaître et sans même en ressentir, si peu que ce soit, la présence...
* Calin, Anca
Le pouvoir des mots : autour de Thomas l’Obscur
In : Maurice Blanchot, entre roman et récit.
Presses universitaires de Paris Nanterre, 2014
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